Charlotte MOYSAN : lauréate du prix de thèse de l’AEI

Charlotte Moysan a reçu le prix de l’Académie de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 2022 pour sa thèse intitulée « De deux stresseurs entrepreneuriaux à deux risques en santé mentale chez les dirigeants de PME : Burnout et suicide » sous la direction de Olivier Torrès. Elle revient sur ses 4 années de recherche en interview :

Bonjour Charlotte, pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour, alors oui pour me présenter, je suis Charlotte Moysan, je suis psychologue clinicienne depuis maintenant près de 20 ans et en 2017 j’ai eu l’opportunité de réaliser une thèse à l’Université de Montpellier dans le laboratoire MRM Entrepreneuriat sur le thème de la santé des dirigeants de PME. Je l’ai soutenu en novembre dernier et obtenu le grade de docteure en sciences de gestion.

Pouvez-vous nous parler de votre thèse ?

Elle s’intitule « De deux stresseurs entrepreneuriaux à deux risques en santé mentale chez les dirigeants de PME : le Burnout et le suicide ». C’est une thèse sur travaux qui a été dirigée par le professeur Olivier Torrès directeur de la Chaire « Santé du dirigeant de PME » et président fondateur de l’Observatoire Amarok, dédié à ce thème. Aussi elle a été co-financée par la Région Occitanie et Harmonie Mutuelle du groupe VYV, ainsi que par le Labex Entreprendre pour ma 4ème année.

Quels sont les grands résultats dans vos travaux ?

Eh bien, étant donné que c’est une thèse sur travaux il y a eu plusieurs grands résultats ! Mais si je devais résumer, je dirais que nous avons mis en avant des chiffres encore inexistants sur la question du burnout entrepreneurial. Nous avons montré que 17,5 % des dirigeants de PME en France, présentent un risque d’épuisement professionnel, ce qui sur les 3,2 millions d’indépendants cela représente près de 600 000 hommes ou femmes potentiellement en risque de burnout. Ce qui n’est pas rien ! Et sur le second grand risque qui nous a intéressé, le suicide patronal, nous n’avons pas cherché des statistiques cette fois-ci, mais plus le sens donné à l’acte par le chef d’entreprise qui a mis fin à sa vie. Ainsi nous avons montré qu’il n’existe pas un seul type de suicide patronal mais bien plusieurs. Mais aussi que le surendettement est un contexte prédominant dans le passage à l’acte et là on a un axe de prévention fort.

Quels seraient les conseils que vous pourriez donner aux entrepreneurs ?

Si je devais leur donner un seul conseil, je dirais surtout de ne pas s’isoler, de ne pas rester isoler quand des difficultés les submergent et s’ouvrir dès qu’ils en ont la possibilité car aujourd’hui il existe de plus en plus d’associations de soutien et d’accompagnement aux chefs d’entreprise en difficultés mais il faut les connaitre et pour cela il faut que, eux se fassent eux aussi connaitre !

Vous avez reçu le prix de thèse de l’AEI 2022, qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Oui tout à fait, j’ai reçu ce prix de l’Académie de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 2022 avec beaucoup d’émotions et un grand étonnement par rapport à mon parcours ! C’est une belle récompense que m’ont offert les membres du jury. Je suis vraiment heureuse que la question de la santé mentale et même plus précisément la souffrance patronale puisse être mise à l’honneur grâce à ce prix. J’espère sincèrement que la recherche va persévérer dans ce sens et ce prix m’a boosté à poursuivre mes recherches en particulier sur la question du suicide patronal, un sujet encore trop tabou.

Un dernier mot ?

Je remercie sincèrement le jury d’avoir choisi ce sujet sur la santé mentale des dirigeants de PME qui est un sujet crucial dans la gestion d’une entreprise surtout dans un contexte de crise comme nous avons et sommes toujours en train de traverser.
Je remercie également mon directeur de thèse Olivier Torrès et fondateur de l’Observatoire Amarok pour m’avoir permis d’apporter une nouvelle pierre à l’édifice.
Merci à La Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée et à Harmonie Mutuelle Groupe VYV pour le co-financement de ma thèse et à mon laboratoire de Recherche MRM – Labex Entreprendre de l’Université de Montpellier

Je vais continuer à œuvrer pour accompagner au mieux ceux et celles qui en auront besoin !

Merci Charlotte !