Gwendal Peizerat, champion olympique aux 1000 défis

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Champion Olympique de Danse sur Glace en 2002, Gwendal Peizerat, après avoir mené sa carrière sportive internationale d’une main de maître, a décidé d’y mettre fin au lendemain de son titre olympique. Aujourd’hui chef d’entreprise, musicien, et constamment en quête de nouveaux défis, il est revenu avec les étudiants de Master 1 Marketing du Sport et des Loisirs de Montpellier Management sur sa carrière et sa reconversion. Interview d’un champion qui est resté simple et humble. Entre récit d’une riche carrière et leçons de vie.

Gwendal Peizerat, champion olympique aux 1000 défis

 

Master Marketing Sport et Loisirs : Bonjour, comment pourriez-vous vous présenter à une personne qui ne vous connait pas ?

Gwendal Peizerat : « J’ai commencé le patinage à l’âge de 4 ans et la compétition à 8 ans. J’ai terminé ma carrière avec le titre olympique en 2002 après avoir été multi-médaillé aux Championnats d’Europe et aux Championnats du Monde. Tout au long de ma carrière sportive j’ai fait des études. En particulier, je suis passé à l’UFR Staps de Lyon puis l’EM Lyon. Plus tard, j’ai créé une société qui s’appelle Soléus et fait du contrôle des équipements sportifs, qui fonctionne très bien aujourd’hui. On est 40 salariés et nous sommes leaders sur le contrôle des équipements sportifs. Et puis, en ce moment, je fais plutôt de la musique. C’est une passion qui resurgit. Je vais sortir mon deuxième album cette année.»

 

M1 MSL : À quel âge avez-vous et où avez-vous commencé le patinage artistique ?

G. P. : « J’ai commencé à Lyon, à côté de chez moi. Alors, une des choses qui est assez remarquable dans la réussite des sportifs de haut niveau : on fait très vite la corrélation dans une carrière de sportif et la proximité du lieu d’entraînement, quand il était jeune. Corrélation vraiment très forte : Pour ma part, j’habitais à 300 mètres de la patinoire. Important parce que je m’entrainais à 6h du matin dès l’âge de 10 ans donc mes parents ne m’accompagnaient pas. Sinon j’aurais bien fait du ski (rires). Le patinage a commencé très tôt, à l’âge de 8 ans, en compétition et déjà en couple. »

Gwendal Peizerat, champion olympique aux 1000 défis
Un couple de légende : Le seul à obtenir l'or Olympique !

 

M1 MSL : Pendant les années de compétition, le ski est-il prohibé des contrats de sportifs ?

G. P. : « Non, il est prohibé pour les sportifs professionnels, sauf que les sportifs professionnels en France, il n’y en a que très peu. Je n’ai jamais été professionnel. L’argent que je pouvais gagner dans le sport c’était grâce aux résultats dans les plus grandes compétitions, et encore, il fallait être sur les podiums et aux galas qui nous permettaient de financer nos saisons. Je n’ai jamais eu un seul sponsor de toute ma carrière. »

 

M1 MSL : Vous avez été étudiant, comment cela se passait avec les entraînements en même temps ?

G. P. : « Sur l’année olympique, on est monté jusqu’à 9h d’entraînements par jour. Il faut laisser de la place. Pour concilier ça, on s’entraînait très tôt. Ma journée commençait à 4h30 du matin pour le réveil. Ensuite j’étais sur la glace de 6h à 8h30/9H30 en fonction des heures de cours. Souvent j’arrivais un peu en retard en cours et je me débrouillais avec les copains pour rattraper. Dès 11h30, je partais en avance du dernier cours et retournais à la patinoire jusqu’à14h, et là, à nouveau je retournais à la fac et je ratais la première ½ de cours. Donc tout ça c’était à récupérer le soir. A chaque fois, on adaptait les heures d’entraînements aux études parce qu’on n’a jamais eu la possibilité d’avoir des horaires aménagés. Donc ça a été une vraie galère. Le vendredi matin en prenant les cours à 8h : c’était ma “grasse mat” de la semaine. »

Gwendal Peizerat, champion olympique aux 1000 défis
Gwendal Peizerat, en toute décontraction durant l'interview de la promo Master 1 Marketing du Sport et des Loisirs

 

M1 MSL : Vous êtes multiple champion : Du monde, France et Olympique, comment fait-on pour arriver à un tel niveau ?

G. P. : « Souvent je dis qu’il y a un petit talent au départ car cela aide à commencer plus vite. Surtout dans notre sport, qui est très ingrat : c’est très lent au début pour arriver à se faire plaisir. Donc un petit talent et beaucoup de travail. Beaucoup, beaucoup de travail, de l’abnégation et d’envie, parce qu’il faut avoir envie pour faire ça. Puis, Il y a des étapes qui ont été marquantes. Comme ma première compétition internationale : J’avais 15 ans, je pars pour la première fois à l’international, c’était en Russie, à Perm, une ville qui venait d’être ouverte aux touristes (NDLR : ex-URSS). Ce jour-là, j’ai compris que mon sport pouvait me permettre de découvrir des choses Il y a des étapes comme ça.

La suivante, à 17 ans : la première fois où j’ai entendu La Marseillaise sur un podium à l’international. C’est très fort comme moment ! Puis, mes 1ers JO, en1998, à Nagano. Avec la médaille de bronze, ça ne donne pas envie d’arrêter. Avec ma partenaire Marina, on s’est dit qu’on allait essayer 4 ans de plus. Ce n’est pas anodin comme décision. 4 ans de plus, au rythme dont je vous ai parlé, et qui allait s’intensifier…9h d’entraînements par jour, 6 jours sur 7. Cela demande beaucoup. Si je n’avais pas été Champion Olympique en 2002 : je ne serais pas en train de vous parler aujourd’hui (sourire) »

 

« Des moments où je me disais “c’est bon j’arrête”, ça m’est arrivé… deux fois par jour ! »

 

M1 MSL : Avez-vous eu des moments où vous avez eu envie de tout plaquer pendant votre carrière ?

G. P. : « A peu près deux fois par jour (rires). C’était presque à ce point-là. Des gros moments où je me disais “c’est bon j’arrête”, ça m’est arrivé plusieurs fois. Déjà, entre 1998 et 2002, où on est à chaque fois sur les podiums, malgré ça, en 2000, j’ai failli tout plier. En 2001 aussi. »

 

M1 MSL : Le dopage est-il présent dans le patinage ? Durant votre carrière étiez-vous souvent contrôlé ?

G. P. : « On est régulièrement contrôlé, il y a beaucoup de tests. Il y a peu de dopage dans le patinage. Dans notre discipline, on a à la fois un avantage et un inconvénient : ce n’est pas le meilleur qui gagne ! C’est celui qui a été choisi par les juges. La triche dans le patinage c’est à cause de ceux qui essayent d’influencer et agir sur ceux qui ont entre leurs mains notre réussite. Dans ma discipline, augmenter les capacités physiques qui donnent des performances supérieures, c’est dangereux car nous sommes en duo. Il faudrait que les deux réagissent de la même façon au produit. Le côté artistique prend aussi une forte place qui joue sur les notes des juges. Mais on a remarqué qu’aux JO de Sotchi, tous les russes faisaient des performances jamais vues dans le monde du patinage. Ils n’étaient même pas fatigués après les épreuves. C’était en réalité un dopage collectif organisé par l’Etat. »

 

M1 MSL : Patinez-vous encore aujourd’hui ? Avec Marina Anissina ?

G. P. : « Officiellement, on n’a pas arrêté. On a continué à faire beaucoup de spectacles et de galas après 2002. Seulement, Marina vit aujourd’hui à Bordeaux, moi à Lyon et quand je vais à la patinoire c’est pour emmener mes filles. »

Gwendal Peizerat, champion olympique aux 1000 défis
Gwendal Peizerat et sa partenaire, Marina Anissina, en compétition

 

M1 MSL : Dans le monde des sports, avez-vous un.e sportif.ve qui vous a inspiré ?

G. P. : « J’ai croisé Thierry Massi, champion du monde de karaté et qui a travaillé pour le GIGN, alors que j’avais 16 ans et je lui ai demandé “qu’est-ce que ça fait d’être le meilleur du monde ?”. Il m’a répondu quelque chose qui a changé toute ma vie de sportif : “Je ne suis pas le meilleur du monde. A un moment donné, sur une compétition, j’ai battu tous mes adversaires”. Cette réponse m’a évité de me mettre une pression monumentale et d’avoir la tête qui gonfle. Sur le podium des JO, j’ai repensé à tous ceux qui avaient commencé avec moi, qui pouvaient être plus motivés, plus talentueux mais pour une raison ou une autre, ils s’arrêtaient. Par exemple, ma sœur faisait aussi du patinage en couple, et était meilleure techniquement mais elle a dû changer 3 fois de partenaire durant sa jeune carrière. »

 

M1 MSL : Est-ce que vous pensez que le couple Cizeron/Papadakis peut vous succéder en remportant l’or olympique en danse sur glace ?

G. P. : « Bien sûr, ils ont déjà un palmarès monstrueux ! 5 fois champions du monde, ils ont une domination de la discipline impressionnante voire insolente. Ils sont très bien entourés, ils ont une bonne préparation physique et mentale. Nous restons aujourd’hui avec Marina les seuls champions olympiques français depuis la création de la Fédération (tous sports de glace confondus). »

 

M1 MSL : Quels sont les prochains grands évènements/prochaines compétitions sportives auxquels vous allez participer ?

G. P. : « Ninja Warrior sur TF1 ! (rires). Je ne fais plus de compétitions depuis 2002, mais je me suis mis plein de défis. Donc, quand j’ai terminé ma carrière de patineur, je me suis lancé dans la haute montagne. J’ai fait un 7500 en ski, sans guide et sans porteur, à 4 copains. J’ai fait aussi deux tentatives de 7000 au Népal et j’ai fait l’Ama Dablam, qui est un très beau sommet. Après ça, j’ai fait des raids en moto dans les déserts de Libye, de Tunisie, en Egypte et en Turquie. Ensuite, je suis le seul

en France à avoir fait Koh-Lanta et The Island. Ce n’est pas rien non plus (rires spontanés). Koh-Lanta, il n’y a pas de triche, les épreuves qu’ils nous font faire alors qu’on n’a rien mangé… c’est juste dingue ! Et là, je viens participer à cette nouvelle émission de TF1. Aussi, maintenant je sors mon deuxième album cette année. Le contact avec le public c’est un truc génial et grâce à la musique je vais pouvoir le faire jusqu’à la fin de ma vie, alors qu’en sport ça s’arrête un jour. »

 

Merci à Gwendal Peizerat d’avoir accepté l’invitation de Stéphane Barbarin et d’avoir joué le jeu de l’interview et félicitation aux étudiants du Master 1 Marketing du Sport et des Loisirs pour ce beau papier !

 

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12 avril 2021 : Moma-COM