Combiner études supérieures et sport de haut niveau : Rencontre avec Marcel Spilliaert
Nos étudiants
Joueur professionnel émérite à Montpellier Water-Polo (MWP), Marcel Spilliaert réussit à combiner sa pratique de sport intensif avec le statut d’étudiant en 2e année de Licence AES à Montpellier Management. Une situation qui implique de la volonté, une grande organisation et quelques sacrifices

Bonjour Marcel. Tu peux te présenter et nous expliquer comment tu as commencé le water-polo ?
Bonjour, je m’appelle Marcel, je vais avoir 20 ans cette année, et je suis étudiant en L2 AES et joueur professionnel à Montpellier Water-Polo.
Mon grand-père était un grand joueur de water-polo, il jouait dans l’équipe de Tourcoing et il a été 11 fois Champion de France. Je baigne donc littéralement dans ce sport depuis toujours. Mais ce n’est pas pour ça que ça a été une évidence. Moi, quand j’étais petit, le water-polo ne m’intéressait pas tellement, je voulais faire du foot, du tennis… J’ai testé beaucoup de sports. Et un jour je me suis dit que je voulais m’y mettre et ça s’est fait naturellement.
Et c’est devenu une passion ?
Oui, ça m’a pris d’un coup, c’était naturel. J’ai commencé avec deux à trois entrainements par semaine à l’âge de 8 ans dans la catégorie des poussins. Et mon père était président du club, donc forcément, ça me plaisait : après les matchs, je le rejoignais au salon VIP et je profitais du buffet, de l’ambiance… Pour le water-polo, c’est très important de commencer à s’entrainer assez jeune. Cela demande des années d’entrainement pour savoir manier la balle et s’imprégner des tactiques et des stratégies. Si on commence à 15 ans, c’est déjà souvent trop tard.
Tu as toujours joué au club de Montpellier ?
Oui, toujours. J’ai commencé avec les poussins, puis les minimes, les cadets, la N3 et enfin les pros. J’ai passé toutes les catégories à Montpellier.

Vous avez fait le Championnat de France l’année dernière ?
Oui, mais on a perdu. En 2017, on a joué la Coupe de la Ligue et on a gagné la première place. C’était le premier championnat auquel je participais en tant que professionnel.
L’année d’après, en 2018, on a fait 2e à la Coupe de la Ligue. Concernant le Championnat de France, on va le travailler sérieusement cette année et j’espère qu’on va faire quelque chose de bien.
Ça a commencé ?
Oui, ça a commencé en début de saison, là on en est à la deuxième partie. Il nous reste 6 ou 7 matchs et après il y aura les playoffs. Il y a 9 équipes qui vont toutes s’affronter deux fois, un match aller et un match retour.
Ah oui, ça fait beaucoup de matchs !
En réalité, pas tellement par rapport au foot ou à d’autres sports… Au water-polo, on a 12 équipes en France, mais seulement 9 ont assez de financement pour aller en championnat Pro A. Ensuite à la fin de la saison, on regarde les points de toutes les équipes, et les deux premières sont automatiquement sélectionnées pour les demi-finales. Les équipes de la 3e à la 6e place s’affrontent ensuite entre elles pour avoir la chance de jouer les demi-finales.

Et comment s’annonce le Championnat pour l’équipe de MWP ?
On est seulement en train de jouer les premiers matchs pour l’instant. On joue contre Nice ce week-end (le samedi 9 février 2018, NDLR). Ça va être dur mais je pense qu’on va les battre. Ça se passe à Montpellier à la piscine Antigone.
J’ai aussi vu que tu avais été sélectionné pour l’équipe de France ? Comment ça s’est passé ?
Oui, j’ai été sélectionné cet été pour l’Equipe de France Junior, car j’avais moins de 19 ans, et j’ai participé aux Championnats d’Europe qui se sont déroulés à Minsk en Biélorussie.
Le sélectionneur a commencé par créer une équipe de 13 joueurs. Pendant un week-end, on a fait les matchs de qualification aux championnats d’Europe et on s’est qualifiés. Ensuite, d’autres joueurs ont été sélectionnés et on a fait un stage pendant un mois à Abbeville, en Normandie. On tournait à plus de 6 heures d’entrainement par jour entre la natation et la musculation. J’ai perdu 10 kilos là-bas, c’était vraiment intense. En tout, à la fin du stage, l’entraineur a renvoyé 13 joueurs. C’était une situation très stressante, il fallait toujours donner le meilleur de soi-même.
Maintenant, la seule équipe que je peux intégrer c’est l’équipe de France A. J’ai fait un stage avec eux l’année dernière, et c’était pendant les cours, mais je ne pouvais pas refuser.
Justement, comment t’organises-tu pour suivre les cours et les entrainements de water-polo ?
Les entrainements sont deux fois par jour, du lundi au vendredi. Ce matin, par exemple, je me suis entrainé de 9h30 à 11h30, et j’ai un autre entrainement ce soir de 21h à 22h. Les autres jours, les entrainements sont plutôt le matin donc j’essaie d’aller en cours l’après-midi.
Je n’ai pas toujours mes week-ends car il y a souvent des matchs. Du coup en général je révise et je fais mes devoirs le samedi matin et après-midi jusqu’à l’heure du match. Après, il peut nous arriver de jouer à Lille par exemple. À ce moment-là, on part le vendredi soir et je ne peux pas vraiment me poser pour réviser. Je n’ai pas réussi mes derniers partiels à cause de ça, on avait un match le samedi d’avant à Lille et je n’ai pas eu assez de temps pour tout réviser malheureusement.

Comment ça se passe pour les cours auxquels tu ne vas pas, tu as des dérogations ?
Oui. Lors de l’inscription, j’ai pu signer un papier qui stipule que les TD obligatoires ne le sont pas pour moi. J’essaie d’acheter des livres pour suivre et j’essaie d’aller au maximum aux TD. Pour ce qui est des cours en amphi, je demande les supports de cours aux professeurs ou aux autres élèves.
Tu as une idée du Master ou du métier que tu aimerais exercer plus tard ?
Non, pour l’instant je ne sais pas encore. Là dans l’immédiat je vais travailler à fond pour avoir mon année sans passer par les rattrapages. Puis je vais me spécialiser l’année prochaine, sûrement en administration et gestion des entreprises. Ou peut-être que je vais faire une passerelle et passer en gestion, pourquoi pas en e-learning.
Et ton projet professionnel ? Plutôt les études ou plutôt le sport ?
Mon but c’est d’aller le plus loin possible dans les études, j’aimerai bien faire un Master par exemple, tout en continuant le water-polo à côté. Malheureusement, je ne pourrai pas vivre du water-polo, ce n’est pas comme le foot où les salaires sont vertigineux. Nous au water-polo c’est beaucoup plus compliqué, ce n’est pas assez développé et reconnu en France. Au moment où je vais devoir faire un choix important dans ma vie, je le ferai. Et ce sera contre le sport malheureusement.
Après, je garde en tête les JO de Paris en 2024. Ce serait vraiment dommage d’arrêter avant. Dans l’idéal j’aimerai continuer mes études et obtenir mon diplôme, continuer l’entrainement à fond et me mettre à travailler après.
Pour être au courant de l’actualité du club, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de Montpellier Water Polo.
8 mars 2019 : Moma-COM