Yvan Reilhac, étudiant à Montpellier Management et sportif de haut niveau au MHR

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Étudiant en Master 1 Marketing du Sport et des Loisirs au sein de Montpellier Management, Yvan Reilhac est aussi un sportif de haut niveau. Joueur indiscutable du MHR en Top 14 cette saison, il compose avec son emploi du temps de sportif de haut niveau et ses cours à l’Institut. Une interview menée avec ses camarades de promotion.

Depuis combien de temps pratiques-tu le rugby ?

J’ai commencé le rugby à l’âge de 6 ans, donc ça va faire dix-sept ans maintenant, c’était à Paris, dans le XVe arrondissement, jusqu’à mes 10 ans. Ensuite j’ai déménagé en Mauritanie parce que mon père est diplomate. J’ai joué pendant quatre ans aux Fennecs d’Amoukrouz (Club de la capitale). Je suis ensuite rentré en France car mes parents ont acheté une maison à Sète. J’ai fait Sport-études au Lycée Mermoz à Montpellier, puis j’ai intégré le centre de formation du MHR à 18 ans, alors que j’étais en première année de fac. J’ai fait deux ans de centre de formation et je suis passé pro à 20 ans.

Qu’est-ce qui a fait que ton projet sportif est devenu sérieux ?

En rentrant en France, j’ai été accepté par le Lycée Mermoz. J’avais entrainement tous les soirs et j’ai fini par faire partie des meilleurs de mon groupe. C’est à partir de là que le rugby est devenu sérieux pour moi, puis j’ai finalement signé mon premier contrat professionnel l’année dernière, en 2018.

Quelles études as-tu suivi ?

J’ai fait le Sport-études au Lycée Mermoz, pour ensuite intégrer STAPS à Montpellier, où j’ai validé ma licence en cinq ans. J’ai redoublé la L2 et la L3 car je jouais et m’entraînais beaucoup, je n’avais donc pas le temps d’être suffisamment présent en cours. Je pense valider mon master en trois ou quatre ans. Je n’ai pas de limite de temps. J’ai déjà le rugby à côté.

Yvan Reilhac_Etudiant-Montpellier-Management_Sportif-haut-niveau-MHR

Que comptes-tu faire après le master ?

En général, la carrière professionnelle d’un rugbyman s’arrête à 34/35 ans. J’ai donc pour objectif de travailler ensuite dans le service partenariats d’un club sportif.

Tes parents t’ont-ils soutenu dans ton projet ?

Cela a été un peu compliqué car mon père est diplomate et j’ai dû venir à Montpellier seul avec ma sœur parce qu’il devait rester à l’étranger. Ma mère a voulu que j’arrête et que je me concentre sur mes études. J’ai finalement réussi à avoir ma licence et tout s’est arrangé.

Tu as un parcours assez atypique en ayant vécu à l’étranger  puis revenu seul en France. Cela t’a-t-il forgé un mental plus fort que les autres ?

Un mental plus fort je ne sais pas. J’ai pris en maturité peut être plus vite que les autres c’est vrai. J’étais moins « foufou » que certains à notre âge, j’étais plus concentré sur mes objectifs.

Peux-tu vivre de ton sport ?

Oui, très largement. Au rugby, on ne gagne pas autant que dans certains sports comme le foot mais à mon niveau, je peux facilement en vivre. Il n’y a pas beaucoup de joueurs qui vont à l’école. Ils font un BTS et après ils arrêtent. La plupart qui ont mon âge ne vont plus en cours, moi je viens pour le plaisir.

Tu as maintenant un salaire important pour ton âge. Est-ce que tu gardes les pieds sur terre ?

On gagne très bien notre vie c’est vrai, mais quand même moins qu’au foot où là, on voit fréquemment des jeunes qui font n’importe quoi. Moi j’arrive à rester simple comme vous pouvez le voir. Les premiers salaires sont à 3000€/mois environ et ensuite les salaires moyens sont à 14 000€/mois. Aujourd’hui, le joueur du MHR le mieux payé doit être à 120 000€/mois, ce qui est le salaire d’un joueur moyen du club de foot de Montpellier, à titre de comparaison.

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Une interview d'Yvan Reihac menée par les étudiants de sa promotion en M1 Marketing du Sport et des Loisirs

Ça fait quoi de jouer devant des milliers de personnes ?

C’est une fierté ! Tu joues dans un stade qui fait 15 000 personnes. Une fois que je rentre sur le terrain, je n’entends plus personne et je me concentre sur ce que je dois faire. Ici, on a un des stades les plus calmes de France. C’est plus des spectateurs que des supporters. Mais quand on joue à l’extérieur, dans des stades de 30/40 000 personnes, c’est incroyable !

Comment êtes-vous suivis au niveau de l’hygiène et de l’alimentation ?

On est suivis par une diététicienne. Tous les matins, je suis pesé et mon alimentation est assez suivie. Mais on reste assez libres. Je peux très bien aller dans un fast food de temps en temps, ce n’est pas très grave.

Il y a-t-il du dopage dans le rugby ?

Il y en a sûrement… Mais en France, les règles sur le dopage ne sont pas les mêmes que dans les autres pays. Certains arrivent d’autres pays avec des gabarits énormes et on peut se poser des questions. En ce qui nous concerne, on a des prises de sang à peu près tous les deux mois. A la fin de certains matchs, on a des contrôles anti-dopage. Je suis contrôlé à peu près une à deux fois par an.

Que penses-tu des cas d’extrême violence dans le rugby ? Penses-tu que cela peut évoluer ?

Aujourd’hui on est plus costauds, on va plus vite donc ça tape plus fort. Récemment un joueur est mort (NDRL : Louis Falfrowski originaire de Fabrègues), ce qui m’a fait me poser des questions sur ce qu’on fait sur le terrain. Après, il y a tellement d’argent en jeu que c’est difficile de faire changer les choses. Tant qu’il y aura des placages, tu ne peux pas changer le fait qu’il y aura peut être des chocs violents. On est aptes à prendre des coups sur le corps, mais quand c’est sur la tête… Même avec un casque, on peut prendre un KO.

Quand tu vois un joueur de 2 mètres arriver devant toi qu’est-ce que tu fais ?

Je ferme les yeux et j’attends que ça passe (rires). Non, sérieusement on est formé à réagir face n’importe quel gabarit donc face à ce type de personnes, je m’accroche comme je peux et j’essaye de le faire tomber.

Est-ce que tu souhaites prolonger au MHR ?

Oui. Avec l’arrivée d’Altrad, le MHR a pris une dimension énorme. Puis je suis vraiment bien ici, le cadre de vie de Montpellier est très agréable. Après, tout dépendra du club et de nos négociations à l’avenir.

As-tu des objectifs sportifs avec le MHR à réaliser ? Aimerais-tu en réaliser ?

Le club ne me fixe pas d’objectifs. Je me suis blessé les dernières années, ce qui m’a freiné. Mais cette année, j’ai déjà joué 5/6 matchs. Bien sûr, je rêve de jouer un jour la coupe du monde avec la France.

Tu te vois faire toute ta carrière au MHR ?

Oui, c’est le meilleur cadre de vie et sportivement, on joue les hauts de tableaux. Financièrement, il y a l’entreprise Altrad qui injecte d’importantes sommes dans le club. Ici, il y a la mer, et ma famille n’est pas très loin. Après, peut être en fin de carrière j’y réfléchirai. Des clubs comme Toulouse ou Bordeaux par exemple, c’est peut-être intéressant. Pour partir dans un club étranger, ce n’est pas évident non plus. Il n’y a pas beaucoup de joueurs français qui vont à l’étranger, car les règles y sont très strictes et là-bas, ils payent presque deux fois moins qu’ici.

Qu’as-tu fait comme grosse compétition ?

Le top 14. Il dure 11 mois sur 12, et il est considéré comme le meilleur championnat du monde.

Penses-tu jouer en équipe de France un jour ?

Pour le moment non, parce que j’ai souvent été blessé mais j’aimerais un jour jouer en équipe de France. Mais pour cela, il me reste encore quelques marches à franchir.

Quels sont les meilleurs joueurs contre qui tu as joué ou avec qui tu joues ?

Je dirais Johnny Wilkinson et Dan Carter. Je les avais en poster dans ma chambre quand j’étais jeune, donc c’était impressionnant de les rencontrer pour un match contre eux. Comme coéquipiers : François Trinh-Duc et Nemani Nadolo. Nadolo, il fait 130 kilos et il lui arrive d’atteindre les 32 km/h, c’est impressionnant.

Vous avez perdu la finale face à Castres l’année dernière. Comment l’as-tu vécu ?

On a perdu en finale face à Castres, qui a bien mieux joué que nous. Ils sont plus humains et ont vraiment joué en équipe. Je pense qu’on se voyait déjà champions et on est tombés de haut, on l’a tous mal vécu.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Pour le moment, jouer autant que je peux et surtout, garder les pieds sur terre !


14 novembre 2018 : Moma-COM