Mariia, étudiante en Licence 1 Gestion rentrée en Ukraine

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Mariia, étudiante de Licence 1 Gestion est rentrée voir sa famille à Kiev. Stéphane Barbarin, responsable pédagogique de la Licence a pu s’entretenir avec elle et l’interviewer sur la situation au sein de sa ville d’origine en Ukraine. Témoignage toute en sensibilité et plus proche encore l’horreur de la guerre.

Kiev ukraine

Stéphane Barbarin : Mariia, depuis combien de temps es-tu en Ukraine et tu espères y rester longtemps ?

Mariia : « Je suis arrivée chez moi le 21 juin et je compte maintenant rester à Kiev jusqu’à la fin de l’été. »

S.B : Pourquoi être retournée en Ukraine ?

M. : « Je suis revenue parce que je n’avais pas vu ma famille depuis six mois et que Kiev me manquait beaucoup. Mes parents n’étaient pas totalement favorables à ce que j’y aille pour des raisons de sécurité. Mais je sentais aussi qu’il était de mon devoir de rentrer chez moi et de vivre la guerre pour comprendre ce qu’elle était vraiment. Pas seulement par les nouvelles ou les visites de la famille. »

S.B : Qu’est ce qui a changé depuis ton départ en octobre 2021 ?

M. : « Il y a maintenant beaucoup de points de contrôle. La route est généralement à moitié bloquée par des sacs de sable, où les militaires vérifient vos documents et votre destination. Il y a beaucoup moins de monde. Un couvre-feu a été instauré, ce qui signifie que vous ne pouvez pas sortir dans la rue entre 11 et 6 heures du matin. Beaucoup de magasins sont fermés. La vie est devenue beaucoup plus chère, les prix ont beaucoup augmenté, il y a de grandes files d’attente pour l’essence et il n’y a que 25 litres par personne. Lorsque je suis arrivée, il n’y avait pratiquement pas de panneaux indicateurs ni de noms de localités. Des gens les ont démontés pour confondre l’ennemi. Aussi, les chars ont laissé des traces sur la plupart du sol des routes »

Kiev ukraine

S.B : Comment vit la population en Ukraine, à Kiev ?

M. : «Parfois, à Kiev, quand on se promène, on n’arrive même pas à croire qu’il y a une guerre maintenant. Mais alors l’alarme retentit et vous courez vers la sécurité du métro. Les premiers jours où je suis arrivée, il y avait trois alertes au raid aérien par jour, les gens s’y sont habitués. Mais j’avais tellement peur que je pensais que j’allais être malade. »

« Les premiers jours où je suis arrivée, il y avait trois alertes au raid aérien par jour, les gens s’y sont habitués

S.B : La population s’entraide durant cette dure période ?

M. : « Les gens sont devenus plus gentils, plus sensibles les uns aux autres. J’ai l’impression que tout le monde est comme une famille, probablement parce que le chagrin que nous partageons nous rapproche. J’ai voyagé à Kiev en bus pendant trois jours, j’ai appris à connaître beaucoup de gens. Et combien il était douloureux d’entendre les histoires réelles des gens, les histoires réelles de leurs proches ou d’eux-mêmes, comment ils se sont échappés et se sont sauvés, comment ils sont restés debout dans les trains pendant deux jours, parce qu’il y avait tellement de gens évacués. Je suis aussi étonné par le patriotisme des gens, le nombre d’organisations. Tout le monde essaie d’aider de toutes les manières possibles, les gens donnent de l’argent pour reconstruire les maisons qui ont été endommagées. Il y a des drapeaux ukrainiens et des panneaux de motivation partout ».

S.B : Actuellement, tu as peur la journée, la nuit, ou seulement quand tu pars de ton domicile ?

M. : « À la maison, je sais que je suis presque totalement en sécurité. Mais chaque fois que je m’inquiète, j’ai peur pour mes proches et pour les autres. Lorsque je suis dans le centre-ville, je cours toujours vers le métro et j’attends. Mais bien sûr, c’est effrayant, on ne sait jamais si on va avoir de la chance ou pas ».

S.B : Ta famille a réussi à venir en France ?

M. : « Ma mère et ma grand-mère ont réussi à aller en France, elles ont été hébergées par une famille, mais elles sont sur le chemin du retour à Kiev »

Merci Mariia ! 


21 juillet 2022 : Moma-COM